SAS ou SARL : quel statut choisir ?

Choisir entre SAS et SARL, c’est un peu comme choisir entre deux routes pour entreprendre. L’une est plus souple, l’autre plus sécurisée. L’une est prisée des startups, l’autre des TPE plus classiques. Mais laquelle est vraiment faite pour vous ? Si vous êtes sur le point de créer votre société, il est essentiel de comprendre les différences fondamentales entre ces deux formes juridiques. Car ce choix aura des conséquences sur votre quotidien d’entrepreneur, vos obligations fiscales, sociales… et même sur votre capacité à faire entrer des associés.

Dans cet article, on vous aide à y voir clair — avec des explications détaillées, des exemples concrets et un tableau récapitulatif en fin d’article. Prêt à choisir la bonne voie pour votre projet ?

🧾 Définition rapide : SAS et SARL

  • SARL (Société À Responsabilité Limitée) : structure encadrée par le Code de commerce, adaptée aux petites et moyennes entreprises, avec un formalisme strict mais rassurant.
  • SAS (Société par Actions Simplifiée) : plus flexible, très utilisée par les startups et les projets en croissance, elle permet d’adapter le fonctionnement de la société dans les statuts.

👉 Dans les deux cas, la responsabilité des associés est limitée aux apports.

🏗️ Démarches de création

Créer une SAS ou une SARL implique des étapes administratives similaires… mais avec quelques différences notables, notamment dans la rédaction des statuts et la souplesse de fonctionnement. Voici ce que vous devez savoir.

Étapes communes à la SAS et la SARL

Les deux formes juridiques nécessitent de suivre une procédure structurée. Voici les étapes que vous retrouverez dans les deux cas :

  • Rédaction des statuts

C’est l’acte fondateur de votre société. Il encadre son fonctionnement : répartition du capital, pouvoirs du ou des dirigeants, modalités de décisions…

En SARL, les statuts sont très encadrés par la loi : peu de marge de personnalisation.

En SAS, vous avez une liberté totale (ce qui est un atout mais aussi un risque en cas de mauvaise rédaction).

  • Constitution du capital social

Le capital est à déposer sur un compte bancaire professionnel (au minimum 1 € dans les deux cas, mais attention à la crédibilité du projet).

Il peut être constitué d’apports en numéraire (argent) ou en nature (matériel, local, etc.).

Publication d’un avis de constitution

Vous devez publier un avis de création dans un journal d’annonces légales (JAL). Cette étape est obligatoire et atteste de la création de votre société auprès du public.

  • Immatriculation de l’entreprise

Le dossier complet est à déposer sur le site du Guichet unique INPI.

Une fois validé, vous recevez votre extrait Kbis, qui fait office de carte d’identité de l’entreprise.

Ce qui diffère entre SAS et SARL

Point de différenceSARLSAS
🔐 Rédaction des statutsModèle très encadré, simple à remplirStatuts libres, à personnaliser
👨‍👩‍👧 Agrément des associésObligatoire pour toute cession de parts socialesPas d’obligation, sauf si prévu dans les statuts
✍️ Formalisme de fonctionnementEncadrement légal des AG, rapports, décisions…Flexibilité totale (liberté dans l’organisation)
📎 Nombre d’associés minimum1 minimum (EURL), 100 maximum1 minimum (SASU), pas de maximum

À quoi faire attention lors de la création

  • Responsabilité limitée, mais pas automatique. En cas de faute de gestion, votre responsabilité personnelle peut être engagée, même si la société protège votre patrimoine personnel en théorie.
  • Statuts mal rédigés = problèmes futurs. Dans une SAS, les statuts mal conçus peuvent entraîner des conflits d’associés ou des blocages. Mieux vaut se faire accompagner par un juriste ou suivre une formation adaptée.
  • Délais et frais Comptez généralement entre 7 et 15 jours pour l’obtention du Kbis. Les frais (JAL + greffe) tournent autour de 250 à 300 € selon la forme.

📚 Quelle activité pour quel statut ?

L’un des critères les plus négligés – mais pourtant essentiels – dans le choix entre SAS et SARL, c’est la nature de l’activité exercée. Tous les statuts ne sont pas adaptés à toutes les activités, notamment en raison de réglementations spécifiques, de pratiques du secteur ou de préférences des partenaires professionnels (banques, investisseurs, assureurs…).

Activités commerciales, artisanales ou de services

Ces activités peuvent être exercées indifféremment en SAS ou en SARL. Le choix dépendra davantage de vos objectifs de gestion, de fiscalité ou de développement. Cependant :

  • La SARL est souvent privilégiée pour les petites structures familiales : boulangerie, artisan, petite boutique locale, activité de services à la personne, etc.
  • La SAS est plus courante dans les activités modernes ou à potentiel de croissance : e-commerce, consulting, communication digitale, formation, etc.

Pourquoi ? Parce que la SAS séduit par sa souplesse juridique et sa bonne image auprès des partenaires externes.

Professions réglementées

Certaines activités imposent des contraintes de forme juridique :

  • Activités médicales, juridiques, comptables : vous ne pouvez pas opter pour la SAS ou la SARL classique. Il faudra alors créer une SEL (Société d’Exercice Libéral) de type SELARL ou SELAS, qui reprend les grandes lignes des statuts classiques mais adaptées aux professions réglementées.
  • Exemple : un avocat ne peut pas créer une SAS standard pour exercer. Il devra se tourner vers une SELAS.

Bon à savoir

Les professions libérales non réglementées (coach, formateur, consultant…) peuvent opter librement pour la SASU/SAS ou la EURL/SARL.

Activités à fort potentiel de levée de fonds

Si vous envisagez d’accueillir des investisseurs ou de lever des fonds, la SAS est fortement recommandée. Pourquoi ?

  • Elle permet d’émettre plusieurs types d’actions (préférentielles, convertibles…)
  • Elle offre une grande liberté dans la répartition des pouvoirs
  • Elle est perçue comme plus moderne et rassurante pour les investisseurs

La SARL est, au contraire, moins flexible sur ces aspects. Elle impose une répartition stricte des parts sociales, soumise à l’accord des autres associés, ce qui freine les entrées au capital.

En résumé

Type d’activitéStatut recommandéPourquoi ?
Commerce de proximité, artisanatSARLStructure simple, adaptée aux projets familiaux
E-commerce, prestations numériquesSASSouplesse, image moderne, scalabilité
Professions libérales non réglementéesSAS ou SARLLiberté de choix, selon préférence de gestion
Professions réglementéesSELARL ou SELASObligations légales spécifiques
Start-up, projets avec investisseursSASCompatible avec levée de fonds et actions variées

💰 Capital social

Le capital social, c’est la somme d’argent (ou de biens) que les associés mettent à disposition de l’entreprise au moment de sa création. Il représente une garantie minimale pour les créanciers et définit les parts détenues par chaque associé.

Combien faut-il pour créer une SAS ou une SARL ?

Bonne nouvelle : dans les deux cas, vous pouvez créer votre société avec seulement 1 euro de capital social. C’est ce qu’on appelle le capital social minimum, instauré pour faciliter la création d’entreprise.

Mais en pratique, il est fortement recommandé de prévoir un montant plus élevé, surtout si vous souhaitez :

  • rassurer vos partenaires ou investisseurs ;
  • accéder à certains prêts bancaires ;
  • valoriser la solidité de votre projet dès le départ.

👉 À noter : un capital trop faible peut vous desservir si vous cherchez à convaincre un banquier, un fournisseur ou un client important.

Apports en numéraire ou en nature

Le capital peut être composé de deux types d’apports :

  • Apports en numéraire : ce sont les sommes d’argent versées par les associés, sur un compte bloqué au nom de la société (débloqué après l’immatriculation).
  • Apports en nature : ce sont des biens (véhicule, matériel, ordinateur, local…) mis à disposition de l’entreprise. Dans une SAS, leur évaluation est librement décidée par les associés. Dans une SARL, si l’apport dépasse 30 000 € ou représente plus de la moitié du capital, un commissaire aux apports est obligatoire.

Capital fixe ou variable

  • En SARL, le capital est fixe : toute modification nécessite une assemblée générale et une modification des statuts (donc des frais).
  • En SAS, vous pouvez opter pour un capital variable, ce qui permet de faire entrer ou sortir des fonds plus facilement, sans changer les statuts.

C’est un véritable atout pour les projets amenés à évoluer rapidement.

Répartition du capital

  • Dans une SARL, chaque apport donne droit à des parts sociales. Leur cession est strictement encadrée (agrément obligatoire).
  • Dans une SAS, les associés détiennent des actions. Leur cession est beaucoup plus libre, sauf clause contraire dans les statuts.

Cette différence impacte la fluidité des entrées et sorties d’associés, ainsi que l’ouverture à des investisseurs extérieurs (plus simple en SAS).

💼 Régime fiscal

Le choix du régime fiscal est une étape déterminante pour la rentabilité de votre entreprise. Heureusement, la SAS et la SARL sont toutes deux soumises par défaut à l’impôt sur les sociétés (IS), mais des options existent selon votre situation.

Impôt sur les sociétés (IS) – le régime par défaut

C’est le régime le plus courant. Il signifie que l’entreprise paie l’impôt sur ses bénéfices, indépendamment de ce que vous, dirigeant ou associé, percevez.

  • Si vous réalisez un bénéfice, la société est imposée à :
    • 15 % jusqu’à 42 500 € (taux réduit pour PME sous conditions)
    • 25 % au-delà
  • Vous ne payez de l’impôt personnel que sur ce que vous touchez :
    • Rémunération (soumise à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des traitements et salaires)
    • Dividendes (soumis à la flat tax à 30 % ou barème progressif sur option)

Ce système permet une bonne optimisation fiscale, notamment si vous souhaitez laisser des fonds dans l’entreprise pour investir ou vous développer.

Option pour l’impôt sur le revenu (IR)

  • En SARL

La SARL de famille (associés issus de la même famille, en ligne directe ou frères/sœurs) peut opter pour l’IR sans limitation de durée. Dans ce cas :

  • Les bénéfices sont directement imposés au nom des associés, au prorata de leurs parts, même s’ils ne sont pas versés.
  • Ce régime est avantageux en début d’activité si les revenus sont modestes ou si les associés sont faiblement imposés.

Exemple : si vous êtes deux frères à lancer un commerce familial avec peu de charges au départ, l’IR vous permet de bénéficier de vos abattements personnels.

  • En SAS

L’option IR est également possible, mais pour une durée limitée à 5 ans, et à condition de remplir ces critères :

  • Être une société de moins de 5 ans
  • Avoir moins de 50 salariés
  • Réaliser un chiffre d’affaires ou total bilan < 10 M€
  • Être détenue à 50 % minimum par des personnes physiques
  • Avoir un dirigeant exerçant une fonction effective et rémunérée

L’intérêt ? En phase de démarrage, cela peut éviter une double imposition (société + dirigeant), et rendre plus lisible votre fiscalité personnelle. Mais attention : après 5 ans, vous revenez automatiquement à l’IS, sans possibilité de revenir à l’IR.

👔 Régime social du dirigeant

L’un des principaux points de divergence entre la SAS et la SARL, c’est le régime de protection sociale du ou des dirigeants. Et ce choix a un impact direct sur votre niveau de protection sociale, vos charges mensuelles, et même votre stratégie de rémunération.

Président de SAS : assimilé salarié

Dans une SAS (ou SASU), le dirigeant est appelé Président. Il relève du régime assimilé salarié.

Avantages :

  • Il bénéficie d’une protection sociale quasi équivalente à celle des salariés (hors assurance chômage).
  • Il cotise pour : la retraite, la sécurité sociale, la prévoyance, les arrêts maladie, etc.
  • Pas de RSI ou de régime spécifique : les cotisations sont versées aux URSSAF et autres caisses comme pour tout salarié classique.

Inconvénients :

  • Les charges sociales sont élevées (environ 70 à 80 % du montant net versé).
  • Il ne cotise pas au chômage, sauf s’il cotise volontairement via une assurance privée.
  • Il doit percevoir une rémunération pour être protégé, contrairement à d’autres statuts où une simple affiliation suffit.

Bon à savoir

Si vous ne vous versez pas de salaire, vous ne payez pas de cotisations… mais vous ne bénéficiez d’aucune protection.

Gérant majoritaire de SARL : travailleur non salarié (TNS)

Dans une SARL, le dirigeant peut être gérant majoritaire, égalitaire ou minoritaire. La grande différence se fait lorsqu’il est majoritaire (il détient plus de 50 % des parts) : il relève alors du régime TNS – Travailleur Non Salarié.

Avantages :

  • Les charges sociales sont plus faibles (environ 45 % du revenu net).
  • Il cotise pour la retraite, la santé, la maternité/paternité, la formation, etc.
  • Il peut se rémunérer de manière souple, selon la trésorerie disponible.

Inconvénients :

  • La protection sociale est plus limitée, notamment en cas d’arrêt de travail ou d’accident.
  • Il ne bénéficie pas de l’assurance chômage, ni de la prévoyance intégrée (à souscrire en complément).
  • Il doit cotiser même sans rémunération, sur une base forfaitaire minimale.

⚠️ Attention : le gérant minoritaire ou égalitaire (50 % ou moins) est assimilé salarié, comme le président de SAS.

SAS ou SARL : quel régime est le plus avantageux ?

CritèresSAS (Président)SARL (Gérant majoritaire)
Régime socialAssimilé salariéTravailleur non salarié (TNS)
Protection socialeHaute (hors chômage)Moyenne à faible
Charges sociales70 à 80 %45 % environ
Affiliation sans salaire❌ Non✅ Oui
Couverture maladie✅ Bonne✅ Moyenne (à compléter)
Cotisation retraite✅ Complète✅ Moins avantageuse
Assurance chômage❌ Non incluse❌ Non incluse

🔓 Liberté de gestion

Lorsqu’on crée une société, on ne pense pas toujours à la souplesse de fonctionnement… jusqu’au jour où l’on se retrouve bloqué par des règles statutaires ou une décision difficile à faire valider. C’est justement sur ce point que la SAS et la SARL diffèrent radicalement.

SAS : une grande liberté statutaire

La SAS (Société par Actions Simplifiée) est la forme juridique qui offre la plus grande souplesse de gestion.

👉 Vous pouvez rédiger les statuts quasiment comme vous le souhaitez, tant que vous respectez les grands principes du droit des sociétés.

Cela permet de :

  • Définir librement les modalités de prise de décision (vote à l’unanimité, à la majorité simple, quorum, etc.)
  • Prévoir un organe de direction sur mesure : Président seul, ou Président + DG, ou comité de direction…
  • Créer une hiérarchie interne personnalisée
  • Accorder des droits particuliers à certains associés (droit de veto, actions de préférence…)
  • Organiser les entrées et sorties d’associés selon vos propres règles

💡 La SAS est donc idéale pour les projets à plusieurs associés, ou ceux nécessitant des levées de fonds, car elle permet de personnaliser les rapports de pouvoir et d’investissement.

SARL : un cadre légal rigide mais rassurant

La SARL (Société à Responsabilité Limitée) est plus encadrée par le Code de commerce.

👉 Les règles de gestion y sont beaucoup plus standardisées et prévues par la loi. Il est donc moins possible d’adapter les statuts à la carte.

Voici quelques exemples :

  • Les décisions importantes doivent se prendre en assemblée générale, avec des majorités précises imposées (souvent 50 % ou 75 %)
  • La nomination et révocation du gérant répond à des règles strictes
  • Impossible de créer des actions de préférence ou d’accorder des pouvoirs spéciaux à un associé
  • La répartition des pouvoirs et des bénéfices est proportionnelle aux parts sociales (sauf aménagement très limité)

Bon à savoir

Cette rigidité peut aussi être un avantage pour protéger les associés minoritaires, notamment en famille.

💬 L’image de la structure

Le choix entre SAS et SARL ne dépend pas uniquement de critères juridiques ou fiscaux. Il joue aussi un rôle dans la perception extérieure de votre entreprise, que ce soit auprès des clients, partenaires, banques ou investisseurs.

SAS : une image moderne et professionnelle

La SAS est souvent perçue comme la forme la plus « corporate » des sociétés commerciales. Pourquoi ?

  • Elle est proche du modèle des grandes entreprises (comme les sociétés anonymes ou les start-ups à forte croissance)
  • Elle est utilisée par la majorité des start-ups innovantes, PME ambitieuses et groupes en développement
  • Elle permet une gouvernance plus souple et plus proche du fonctionnement des entreprises modernes

🔎 Résultat : pour un partenaire ou un investisseur, une SAS inspire souvent plus de professionnalisme. Elle suggère un projet structuré, potentiellement scalable, avec une vision de croissance. C’est aussi la forme juridique la plus utilisée en levée de fonds.

SARL : une image plus familiale ou artisanale

La SARL, quant à elle, est solidement ancrée dans le paysage entrepreneurial français.

  • Elle reste la forme préférée des petites entreprises, des artisans, des commerçants ou encore des professions libérales en couple ou en famille
  • Elle évoque la proximité, la stabilité et une gestion simple et maîtrisée

Cela ne veut pas dire qu’une SARL est moins sérieuse. Mais son image est parfois associée à un modèle plus traditionnel, voire plus limité en ambition, surtout dans les milieux tech ou startup.

🔎 Pour certains projets, c’est un avantage : cela inspire la confiance, la simplicité, notamment pour une activité de proximité, artisanale ou de service local.

⚙️ Fonctionnement quotidien

Au-delà des démarches de création ou du statut social du dirigeant, le choix entre SARL et SAS a des conséquences très concrètes sur votre organisation au quotidien. Gouvernance, décisions internes, souplesse de fonctionnement, formalités… chaque statut impose son propre cadre. Il est donc crucial de comprendre ce que cela implique dans la pratique, une fois la société lancée.

SARL : un fonctionnement encadré par la loi

La SARL (Société à responsabilité limitée) est une forme juridique plus rigide, car elle est strictement encadrée par le Code de commerce. Cela signifie que de nombreuses règles de gestion sont prédéfinies, et que les associés ont moins de liberté pour personnaliser le fonctionnement de l’entreprise.

Voici ce que cela implique au quotidien :

  • Décisions importantes en assemblée : toute décision majeure (changement de gérant, modification des statuts, approbation des comptes, etc.) doit être votée en assemblée générale, selon des règles précises de quorum et de majorité.
  • Formalisation obligatoire des décisions : les décisions doivent être consignées dans un registre spécial, sous forme de procès-verbaux.
  • Gérance centralisée : la gestion est assurée par un gérant ou co-gérant, dont les pouvoirs sont bien définis. Pas de conseil d’administration, ni de direction collective.
  • Peu de liberté d’adaptation : les statuts peuvent difficilement aménager les règles internes. Il faut suivre le cadre légal prévu pour toutes les SARL.

💡 C’est un statut adapté pour ceux qui souhaitent un fonctionnement structuré, cadré et sécurisant, sans trop de personnalisation.

SAS : une grande liberté d’organisation

La SAS (Société par actions simplifiée), à l’inverse, est une structure pensée pour offrir le maximum de flexibilité aux associés. La loi impose très peu de règles : tout ou presque peut être défini dans les statuts.

Cela permet une gestion plus fluide, mais demande d’être bien accompagné à la création, pour éviter les oublis ou les imprécisions.

Fonctionnement possible d’une SAS :

  • Statuts entièrement modulables : vous définissez vous-même la manière dont les décisions sont prises, qui les prend, comment elles sont formalisées, etc.
  • Président obligatoire : c’est le seul organe imposé par la loi. Le président représente légalement la société, mais son rôle exact dépend de ce que vous indiquez dans les statuts.
  • Conseil de direction, comités… : vous pouvez créer d’autres organes (directoire, comité stratégique…) si vous le souhaitez, pour répartir les responsabilités.
  • Prise de décision plus souple : si les statuts le prévoient, certaines décisions peuvent être prises sans convocation d’assemblée, par consultation écrite ou même par voie électronique.

📌 Attention : cette souplesse est un atout… à condition que les statuts aient été rédigés avec soin dès le départ. Un oubli ou un flou peut poser problème en cas de conflit ou d’évolution de la structure.

🧑‍🤝‍🧑 Types de projets

Le choix entre SAS et SARL ne dépend pas uniquement de votre goût pour la simplicité ou la liberté. Il doit aussi être cohérent avec la nature et l’ambition de votre projet. Car chaque statut juridique est plus ou moins adapté à certains types de profils, de projets et de trajectoires d’évolution.

SARL : adaptée aux projets stables, familiaux ou de petite taille

La SARL est particulièrement bien adaptée aux projets à taille humaine, souvent familiaux ou entre associés de confiance, où l’objectif principal est de créer une activité stable, rentable, et maîtrisée.

Voici les types de projets qui correspondent bien à une SARL :

  • Entreprises familiales : grâce au cadre légal protecteur, la SARL sécurise les relations entre membres d’une même famille.
  • Artisans, commerçants, professions manuelles : souvent gérées par un petit groupe, ces entreprises apprécient la gestion simple et prévisible de la SARL.
  • Petites entreprises de services : si vous ne prévoyez pas de lever des fonds ou de faire entrer de nombreux associés, la SARL est une forme juridique rassurante.
  • Projets entre deux associés : la SARL fonctionne très bien dans les montages à 50/50, à condition de bien penser la clause de blocage en cas de conflit.

SAS : pensée pour les projets innovants, évolutifs ou à fort potentiel

La SAS est une structure taillée pour les projets ambitieux, évolutifs, ou à visée de levée de fonds. Sa souplesse de fonctionnement et sa liberté de gestion en font une formidable boîte à outils pour adapter l’organisation à la croissance de l’entreprise.

Voici les types de projets les plus compatibles avec une SAS :

  • Startups et projets innovants : la SAS facilite les entrées et sorties d’investisseurs, les levées de fonds et la création d’actions de préférence.
  • Projets à visée nationale ou internationale : sa flexibilité de gouvernance permet une gestion complexe, avec des filiales ou des comités stratégiques.
  • Entreprises en forte croissance : plus l’organisation se complexifie, plus la liberté statutaire de la SAS devient un atout.
  • Projets avec plusieurs associés aux rôles distincts : la SAS permet de répartir librement les pouvoirs et les droits de vote, ce qui est très utile pour un projet collaboratif ou pluridisciplinaire.

💬 En résumé, si votre ambition est de faire grandir rapidement votre entreprise, d’attirer des investisseurs ou de construire une structure scalable, la SAS est presque incontournable

📊 Comptabilité

Que vous choisissiez la SAS ou la SARL, vous serez dans l’obligation de tenir une comptabilité commerciale rigoureuse. Les deux statuts imposent des obligations proches, mais quelques différences peuvent impacter la gestion quotidienne de votre entreprise.

Obligations communes

La SAS comme la SARL doivent respecter les principes de la comptabilité d’engagement, c’est-à-dire :

  • Tenir une comptabilité complète et régulière (journal, grand livre, balance…)
  • Établir des comptes annuels : bilan, compte de résultat et annexe
  • Déposer chaque année les comptes auprès du greffe du tribunal de commerce
  • Émettre des factures conformes et conserver l’ensemble des pièces justificatives
  • Avoir un livre d’inventaire et un livre-journal

🔎 Si vous n’avez pas de formation comptable, il est vivement recommandé de faire appel à un expert-comptable, surtout en phase de croissance.

Des obligations spécifiques selon la taille

La complexité de la comptabilité dépend surtout de la taille et du chiffre d’affaires de l’entreprise, et non directement du statut SAS ou SARL.

Voici les seuils à connaître pour les allègements possibles :

Allègement possibleConditions (au moins 2 des 3 critères suivants)
Comptes simplifiésCA < 8 millions € / Total bilan < 4 millions € / < 50 salariés
Micro-entreprise (EURL uniquement)CA < 188 700 € (commerce) ou 77 700 € (services)

⚠️ Une SARL unipersonnelle (EURL) peut opter pour le régime micro-entreprise, ce qui allège fortement la comptabilité (pas de bilan à établir). En revanche, ce n’est pas possible pour une SASU, qui reste obligatoirement au régime réel, même seule.

Audit légal : une obligation rare mais à anticiper

Si votre entreprise dépasse deux des trois seuils suivants, pendant deux exercices consécutifs :

  • Total de bilan > 4 millions d’euros
  • Chiffre d’affaires > 8 millions d’euros
  • Nombre de salariés > 50

… alors vous serez dans l’obligation de nommer un commissaire aux comptes (CAC), que vous soyez en SAS ou en SARL. C’est un coût important à anticiper, souvent lié à la croissance.

Gestion comptable : quelle différence entre SAS et SARL ?

CritèreSARLSAS
Régime micro possible ?✅ Oui (EURL uniquement)❌ Non
Allègements comptables possibles ?✅ Selon seuils✅ Selon seuils
Commissaire aux comptes obligatoire ?✅ Au-delà des seuils✅ Au-delà des seuils
Liberté de pilotage des comptes🟡 Encadrement légal strict🟢 Plus de souplesse possible

En pratique, la gestion comptable sera similaire si vous dépassez les seuils du régime simplifié, mais les SAS permettent une organisation plus libre de la gestion, notamment en ce qui concerne la nomination des dirigeants, la répartition des bénéfices ou les règles internes.

👉 À retenir :

  • Les obligations comptables sont globalement similaires entre SAS et SARL, sauf dans le cas d’une EURL (SARL à associé unique), qui peut profiter d’un régime très simplifié.
  • La SAS offre un peu plus de flexibilité dans la gouvernance, mais n’échappe pas à la rigueur comptable.
  • Le choix du statut peut donc impacter indirectement votre comptabilité, surtout au démarrage.

🔄 Transmission et cession de titres

Transmettre ou vendre tout ou partie de son entreprise fait partie des grandes étapes de la vie d’un entrepreneur. Que vous envisagiez une cession de parts, une ouverture du capital à des investisseurs ou une transmission familiale, le choix entre SAS et SARL a des conséquences concrètes.

Le régime juridique de la cession

SARL et SAS ne fonctionnent pas de la même manière pour la cession des titres sociaux :

AspectSARLSAS
Titres sociauxParts socialesActions
Acte de cession obligatoire ?✅ Oui, avec enregistrement✅ Oui, avec enregistrement
Agrément obligatoire (cession à tiers)✅ Obligatoire par la loi❌ Facultatif (selon statuts)
Agrément entre associés✅ Requis❌ Optionnel
Formalisme📄 Plus rigide📄 Plus souple
Droit d’enregistrement3 % après abattement0,1 % (actions)

En clair :

  • La SARL protège les associés d’une entrée non désirée d’un tiers, via l’agrément légal obligatoire. Cela sécurise l’actionnariat, mais rend les cessions plus longues et plus complexes.
  • La SAS laisse plus de liberté : l’agrément est facultatif et peut être aménagé dans les statuts selon votre stratégie (ouverture à des investisseurs, facilité de sortie…).

Transmission familiale : quel statut est le plus adapté ?

Si vous prévoyez de transmettre votre entreprise à vos enfants, à vos associés ou à votre conjoint, les règles de cession peuvent peser dans votre décision :

  • La SARL peut convenir pour une transmission progressive et contrôlée.
  • La SAS est plus flexible si vous souhaitez faciliter la transmission, notamment grâce à des mécanismes comme les actions de préférence, la clause d’inaliénabilité, ou des pactes d’associés.

⚠️ La fiscalité de la transmission dépend aussi de votre régime d’imposition (IR ou IS) et du dispositif Dutreil en cas de donation ou succession.

Cession en cas d’entrée d’un investisseur

C’est l’un des points qui font souvent pencher la balance vers la SAS. Pour les projets à fort potentiel de croissance ou d’innovation, où une levée de fonds est envisagée :

  • La SAS est largement préférée des investisseurs.
  • Elle permet d’émettre des actions facilement, de moduler les droits (vote, dividendes, etc.), et de faciliter la sortie d’un associé.

À l’inverse, la SARL est parfois perçue comme moins agile et moins attractive pour les financeurs externes.

🧭 Comment choisir entre SAS et SARL ?

Il n’existe pas de meilleur statut universel : tout dépend de votre projet, de vos besoins, de votre situation personnelle et de votre vision à moyen terme. Voici les principaux critères à prendre en compte pour faire un choix éclairé entre SAS et SARL.

1. Votre profil de dirigeant

Vous êtes seul·e ? SASU (forme unipersonnelle de la SAS) ou EURL (forme unipersonnelle de la SARL) sont les options adaptées.

  • Si vous préférez la souplesse et la protection sociale assimilé salarié, la SASU est plus confortable.
  • Si vous cherchez à payer moins de charges sociales, l’EURL peut être avantageuse à court terme.

Vous vous associez ?

  • Si vous voulez un cadre encadré et équilibré, la SARL offre une structure rigide mais rassurante.
  • Si vous voulez personnaliser les rôles, répartir librement le capital et prévoir des entrées/sorties d’associés, la SAS est plus souple.

2. Votre projet d’entreprise

Start-up, innovation, levée de fonds : la SAS est fortement recommandée, car elle permet :

  • Des actions de préférence
  • Des pactes d’associés sur-mesure
  • Une ouverture du capital sans contrainte d’agrément

Artisanat, commerce local, services classiques : la SARL est souvent suffisante, plus simple à gérer et mieux connue des partenaires traditionnels (banques, comptables, CFE…).

Projet familial : la SARL permet de verrouiller les transmissions, avec des règles d’agrément strictes pour éviter les mésententes.

3. Vos objectifs à moyen terme

Réduire les charges sociales : la SARL (ou EURL) peut être plus avantageuse, car le gérant majoritaire est TNS (cotisations sociales moins élevées, mais couverture plus limitée).

Bénéficier d’une meilleure protection sociale : la SAS (ou SASU) vous donne accès au statut assimilé salarié (retraite, prévoyance, assurance maladie, etc.).

Distribuer des dividendes : en SAS, les dividendes ne sont pas soumis aux cotisations sociales (sauf exceptions), contrairement à la SARL.

Préparer une cession ou un changement d’actionnariat : la SAS est plus souple, plus fluide, notamment en cas d’entrée d’investisseurs ou de transmission.

📋 Tableau comparatif : SAS ou SARL ?

Situation du créateurStatut recommandéPourquoi ?
Créateur seul avec faible CA prévuEURLFaibles charges sociales en début d’activité
Créateur seul avec objectif de confort socialSASUBonne protection sociale, simplicité de gestion
Projet familial ou associatif structuréSARLEncadrement légal sécurisant, agrément obligatoire
Projet innovant / start-upSASSouplesse statutaire, levées de fonds facilitées
Objectif de revente à moyen termeSASTransmission des actions plus simple
Recherche de stabilité entre associésSARLMoins de conflits potentiels, cadre strict
Envie de flexibilité totale entre associésSASRègles adaptables, statuts personnalisables

✅ Conclusion

Choisir entre SAS et SARL, c’est avant tout choisir un cadre juridique adapté à votre projet et votre manière de fonctionner. L’un n’est pas meilleur que l’autre : tout dépend de vos objectifs, de vos associés, et de votre stratégie de développement. Si vous débutez et voulez rester prudent, la SARL reste une valeur sûre. Si vous préparez un projet ambitieux, la SAS est un véritable terrain de jeu pour structurer une entreprise évolutive.

Questions fréquentes

Puis-je créer une SAS ou une SARL seul(e) ?

Oui. Une SASU ou une EURL permettent de démarrer en solo, avec la même structure juridique.

Quel statut est le plus simple à gérer ?

La SARL impose un fonctionnement plus encadré, mais donc plus lisible pour un entrepreneur débutant. La SAS est plus souple mais nécessite de bien rédiger les statuts.

Quel statut est le plus avantageux fiscalement ?

Tout dépend de votre rémunération et des dividendes versés. Pour les faibles salaires, la SARL peut être plus rentable en charges sociales. La SAS est intéressante si vous ne vous rémunérez pas immédiatement.

Peut-on passer d’une SARL à une SAS plus tard ?

Oui, mais cela nécessite une transformation juridique avec publication, modification des statuts, et parfois des conséquences fiscales.

Quel est le coût de création d’une SAS ou d’une SARL ?

Les frais sont similaires : entre 250 € et 500 € en moyenne, hors accompagnement juridique. L’accompagnement peut simplifier toutes les démarches.